Dossier n°10738 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Albert Jurquet

Année de nomination : 2005
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Directeur de collège, professeur de physique chimie

Germaine Jurquet

Année de nomination : 2005
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Assistante de direction
    Localisation Ville : Poligny (39800)
    Département : Jura
    Région : Bourgogne-Franche-Comté

    L'histoire

    Albert Jurquet dirigeait le collège Jules Grévy à Poligny (Jura) et sa femme Germaine le secondait. En 1942, le couple accueillit au collège équipé d’un internat cinq garçons juifs. Gilbert Cassin, neveu du grand juriste et résistant René Cassin, y étudiait en externe jusqu’à la Libération. Il fut inscrit sous le nom clandestin de Gilou Richard. Le couple prenait d’énormes risques en le cachant puisque son oncle qui diffusait sur Radio-Londres était d’une grande notoriété. Les Cassin, « Juifs du Pape » résidant à Marseille, s’étaient réfugiés à la Bourboule au moment de l’invasion allemande de la zone sud. Ils avaient alors pris contact avec Henri Meunier, un ancien de 1914-1918 et camarade de tranchées de M. Cassin. Il vint chercher Gilbert et l’hébergea chez lui à Poligny jusqu’à la Libération. Il le confia à M. Jurquet pour sa scolarité. Lui aussi était d’ailleurs un Poilu qui avait perdu un œil à Verdun. Son fils Jacques, marié à une Juive, Myriam Feigenbaum, était réfractaire du STO et caché dans la forêt par la Résistance. Les Jurquet apportèrent une aide précieuse à leur belle-famille en les prévenant des rafles imminentes et leur assurant un abri sûr. Parmi les autres enfants juifs cachés dans leur établissement, il y avait Kurt Lévy, nommé Claude Laffont, les deux frères Salomon, nommés Sauvageot, et Hans Hirschberg nommé Jean Lang, un nom alsacien car il était d’origine allemande. Ils avaient été placés à Poligny par l’intermédiaire de «la Sixième», la branche clandestine des EIF.

    Le 26 décembre 2005, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Germaine et Albert Jurquet le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Albert Jurquet, professeur de physique-chimie à Fontainebleau puis à Pont de Vaux dans l’Ain, est nommé principal du collège Jules Grévy à Poligny en 1937. Avec son épouse Germaine et leurs 2 enfants, Jacques 15 ans et Annie 8 ans, ils habitent un appartement de fonction dans l’enceinte de l’établissement.

    Albert et Germaine Jurquet sont de fervents défenseurs de la paix et des droits de l’homme. Ils prennent position contre l’antisémitisme dès 1930, un engagement qu’ils concrétisent en acceptant d’accueillir et de protéger des élèves juifs entre 1942 et 1944.

    A la demande du Service Social des Jeunes, association clandestine d’aide aux enfants juifs, ils prennent en charge des adolescents juifs.

    Dans le cadre de l’internat du collège, où Germaine seconde activement son mari, Albert Jurquet admet, dans le plus grand secret, ces jeunes élèves juifs sous de faux noms :

    Mais il facilite aussi l’inscription au collège des élèves juifs hébergés à Poligny. C’est le cas de Gilbert Cassin, caché sous le nom de Gilbert Richard, chez un ami de ses parents, M Henri Meunier, ou encore de Claude Alexandre que sa mère avait confié à sa tante, commerçante à Poligny mais qui, malheureusement, sera pris dans la rafle du 17 avril 1944 et déporté à Auschwitz.

    A ces actions, il faut ajouter toute l’aide et la protection que Albert et Germaine Jurquet ont apporté à la famille Feigenbaum, lui permettant de passer clandestinement en Suisse et d’échapper ainsi à la traque des nazis.

    Albert Jurquet a terminé sa carrière dans le Vaucluse, il est décédé en 1967 et son épouse Germaine en 1985.

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