La photo qui aurait pu faire chavirer l’expo-propagande de Zucca

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Dossier n°

La photo qui aurait pu faire chavirer l’expo-propagande de Zucca

Zélé photographe d’une propagande orchestrée à la Goebbels, André Zucca n’aura pas été longtemps exposé sans scandaliser à Paris (et sur un Paris si peu occupé, selon lui, par les Nazis)…

Après la page 30 de ce blog, soit après le 15 avril, les réactions d’incompréhensions puis scandalisées n’ont cessé d’enfler dans les médias comme sur de nombreux blogs.

Non par des obsédés de la censure mais devant le caractère manipulateur d’une exposition toute droite sortie de la propagande allemande et signée par l’un de ses collaborateurs français qui n’était pas qu’un « esthète ».

Après que les affiches de cette exposition litigieuse aient été retirées ce 18 avril des murs de la capitale, une (au moins) des 250 photos semble avoir fait déborder le vase des indignations :

Amoureux au Luxembourg. Loin des occupants ? Que du contraire. Non seulement ils n’en perdent pas leur sourire mais ont une lecture tout sauf neutre (Ph. Zucca).

Adjoint au maire de Paris chargé de la culture, Christophe Girard est interrogé par Yasmine Youssi pour le JDD, ce 19 avril :

– « J’ai découvert cette exposition le jour de son inauguration, entre les deux tours des élections municipales. Et je dois vous dire qu’elle m’a mis tellement mal à l’aise que j’ai quitté le vernissage. J’ai immédiatement compris la manipulation derrière ces prétendues belles images. Je l’ai dit à Jean Dérens [le conservateur général de la BHVP] qui ne m’a pas entendu ce jour-là. 
Il y a notamment une photo qui ne trompe pas. On y voit un couple d’amoureux au jardin du Luxembourg avec le journal Signal posé sur une table à côté. Or Signal était le journal de propagande nazie qui employait Zucca : ça, c’est de la manipulation totale. Et ça me fait vomir. Pourtant, si on avait clairement expliqué au public qu’il s’agissait de photos de propagande, l’exposition aurait pu être très intéressante. »

 

Le « détail » qui a fait « vomir », soit un exemplaire de Signal, comme par hasard en avant-plan (Ph. Zucca).

En conséquence, Christophe Girard demande : « Qu’on arrête cette exposition ».

Mais le 21, il entame une marche-arrière dans « Le Figaro : « elle continuera… »


– « Arrêter l’exposition a été une option qui a été envisagée, mais ce n’est plus le cas, souligne-t-il. Les avertissements au public ont été apportés, le contexte est précisé. À partir du moment où les visiteurs sont avertis, elle continuera jusqu’à son terme. »

Quelques mots encore pour rappeler que Signal illustra et voulu glorifier le nazisme d’avril 1940 à mars 1945. Cet outil de propagande ne manquait pas de moyens ni d’envergure : une traduction en 20 langues pour un tirage de 2,5 millions d’exemplaires dont 800.000 rien que pour la France.

André Zucca se mit au « service exclusif » de ce magazine voulu par Goebbels pour cirer les bottes de la « race des seigneurs » et de ses affidés. D’aucune n’espéraient quand même que ce soit déjà oublié une soixantaine d’années après ???

A titre d’exemple, le n°8 de Signal en 1940 (DR).

Paris est symboliquement placé sous les ailes allemandes. Zucca va pouvoir y photographier mais en restant totalement aveugle aux privations de libertés, à la résistance, aux persécutions raciales, à la faim et autres drames provoqués par l’occupation et ses employeurs.