Mort de Samuel Pisar, président-fondateur du Comité français pour Yad Vashem, l’un des plus jeunes rescapés d’Auschwitz;

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Mort de Samuel Pisar, président-fondateur du Comité français pour Yad Vashem, l’un des plus jeunes rescapés d’Auschwitz;

Hommage à Samuel Pisar

Du 28/07/2015

 

 

 

Samuel Pisar
Jeune rescapé de la Shoah, Samuel Pisar a conseillé le président Kennedy, milité pour les droits de l’homme et défendu comme avocat plusieurs stars d’Hollywood. Il s’est éteint lundi à l’âge de 86 ans.

Mort d’un géant. Jeune rescapé de la Shoah, avocat des plus grandes stars hollywoodiennes, militant infatigable des droits de l’homme, ancien collaborateur du président Kennedy… Samuel Pisar a eu plusieurs vies. Il s’est éteint lundi à l’âge de 86 ans. La nouvelle a été annoncée par sa fille à plusieurs journalistes. « Mon père nous a quitté aujourd’hui. Il a plus donné que n’importe quel être humain. Il est maintenant en paix », a déclaré Lea Pisar.

Samuel Pisar naît en 1929, dans une famille aisée de Pologne. Sa famille vit à Bialystock, dans une grande maison, où l’on parle français, yiddish et polonais, rappelle Télérama. Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale met fin à ce bonheur familial. En septembre 1939, Allemands et Soviétiques se partagent une Pologne conquise en quelque jours.

Déporté à 13 ans

Samuel Pisar va alors à l’école russe, sa ville étant sous le contrôle de l’armée rouge. Deux ans plus tard, Hitler lance sa grande offensive sur l’URSS. Les nazis, qui prennent rapidement la ville de Bialystock, expulsent la famille dans un ghetto juif. Son père est arrêté et exécuté, tandis que sa mère et sa petite sœur Frida sont dirigées vers Treblinka. Samuel Pisar est lui déporté au camp d’extermination de Majdanek, avant d’être transféré à Auschwitz et Dachau. Il a 13 ans.

L’adolescent recouvre la liberté à la fin du conflit, à 16 ans, libéré des marches de la mort par l’armée américaine. Il reprend ses études et obtient un double diplôme à La Sorbonne et Harvard. Aux Etats-Unis, il devient Docteur en Sciences Juridiques. Lors de la remise des diplômes, un certain John Fitzgerald Kennedy le félicite. Le jeune sénateur du Massachusetts promet de revenir vers lui « s’il est un jour aux Affaires », raconte France Culture.

L’élection de JFK en 1960 lui ouvre les portes de la Maison blanche. Il conseille alors le président américain sur le commerce Est-Ouest. « Il se prononce pour la libération des Juifs de l’Union soviétique et pour la coexistence pacifique », souligne Télérama. En 1961, il obtient la nationalité américaine pour son rôle de collaborateur de JFK par un vote spécial du congrès.

Avocat des stars

Après l’assassinat du président américain, Samuel Pisar rejoint la Californie et devient l’avocat des stars hollywoodiennes, comme Ava Gardner ou Marlon Brando. « Le monde se globalisait, et Hollywood avec lui (…) C’était un travail sérieux, moins glamour que son contexte », confiait-il à France Culture.

Pendant toute sa vie, l’homme n’a jamais cessé de défendre la cause des droits de l’homme et de transmettre la mémoire de l’holocauste. Samuel Pisar était ambassadeur de l’UNESCO pour l’enseignement de la Shoah et des génocides et président-fondateur du Comité français pour Yad Vashem. Son livre, Le Sang de L’espoir, relate sa captivité à Auschwitz, où plus d’un millions de juifs perdirent la vie.

Dans un communiqué, François Hollande salue un « homme au destin exceptionnel qui traversa les tragédies du siècle dernier avec un courage et une soif unique de vivre et de faire avancer le monde ». Sur Twitter, le président du Crif, Roger Cukierman, et le Grand Rabbin de France, Haïm Korsia, ont également rendu hommage à Samuel Pisar.

Paul Chaulet