Cosne sur Loire -Une médaille pour les époux Chevolot, sauveurs d’enfants pendant la guerre

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Dossier n°

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Cosne sur Loire -Une médaille pour les époux Chevolot, sauveurs d’enfants pendant la guerre

Du 27/01/2015

 

 

 

Deux enfants accueillis rue Jean-Jaurès. Album photo de la famille Chevolot, noël 1943.

Une reconnaissance d’État. C’est ce que symbolise la cérémonie, à titre posthume, de remise de la médaille des Justes, aux époux Chevolot.

La Ville de Cosne a, évidemment, aussitôt dit oui. Dit oui pour intégrer le réseau des villes et villages des Jutes de France. Une occasion offerte par le Comité français pour Yad Vashem, à l’initiative de la cérémonie de remise à titre posthume de la médaille des Justes parmi les Nations aux Cosnois Odette et Jean Chevolot. Une médaille remise à ceux qui ont sauvé, au péril de leur vie, des personnes juives sous l’Occupation. Et même si c’était il y a bien longtemps, il est toujours l’heure de rendre hommage. Et reconnaissance.

Bernard et Paul avaient 3 ans

Une reconnaissance d’État, « car il y aura de moins en moins de Justes et de leurs témoins », comme le souligne Pierre Osowiechi, vice-président du comité français pour Yad Vashem. Pour Pierre Osowiechi, « c’est un hommage important, car ces personnes doivent être connues et reconnues. » Un avis que partagent Bernard Lobel et Paul Czernichow.

Bernard Lobel et Paul Czernichow, sauvés par Odette et Jean Chevolot à Cosne en 1943. Ces deux-là avaient 3 ans. Et sont devenus membres à part entière de la famille Chevolot. Bernard Chevolot, le fils de la famille, qui résidait à l’époque dans la rue Jean-Jaurès, confirme. « Pendant la guerre, nous avons accueilli deux enfants juifs. C’était en novembre 1943. J’avais 5 ans et mon frère un an. Nous avons passé un an ensemble. »

Bernard Chevolot nous confie une magnifique photo des enfants de la famille devant le sapin de Noël, mais ne se souvient pas vraiment de cette époque. Il sait cependant, pour l’avoir appris ensuite et grâce à un contact qui a duré de très longues années avec ses frères d’adoption, que ces enfants de deux familles juives réfugiées à Charost (18) ont été confiées à sa mère par leurs parents. Sa mère et la mère de Paul Czenichow, mamans de ces enfants étaient amies, elles avaient fait leurs études ensemble, au collège de Rouen. « Quand les Allemands ont envahi la zone libre », raconte Bernard Chevolot, « les familles ont adressé chacune un de leurs enfants à Cosne. »

L’employé de mairie a fermé les yeux sur les tampons douteux

C’est Elie, le frère de Solange Czernichow, médecin à Charost, qui prévient sa s’ur d’une rafle probable. Il a été arrêté ce jour-là. Si lui a été déporté à Auswich, sa s’ur a eu le temps de s’enfuir. Paul Czernichow et son cousin Bernard Lobel sont ainsi confiés aux mains sûres de Jean et Odette Chevolot, à Cosne-sur-Loire.

Aujourd’hui, Paul Czernichow, à l’initiative avec Bernard Lobel, de cette démarche envers les époux Chevolot, ignore pourquoi cette demande de reconnaissance n’a pas été faite avant et pourquoi ce sont eux qui ont pris la décision. Question de pudeur sans doute, l’amitié unissant ces familles dépassant le cheminement officiel.

« Avec le temps, il m’a semblé important de faire un acte de mémoire, un remerciement par procuration aux parents Chevolot », confie Paul Czernichow. Qui n’ignore pas que « si cela s’était su, toute la famille aurait disparu. » Il y a bien eu une dénonciation par lettre anonyme, qu’une main bienveillante a fait disparaître. L’employé de mairie lui-même a fermé les yeux sur les « tampons douteux » des fausses cartes d’alimentation fabriquées par Odette Chevolot. Ce n’est qu’à la Libération que les enfants ont retrouvé leurs familles respectives.

Christine Balle