Justes parmi les Nations. Et aussi Yves Criou

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Dossier n°

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Justes parmi les Nations. Et aussi Yves Criou

Publié le 07/07/2013
Cet après-midi, une centaine de personnalités rendront hommage à Alfred et Augustine Le Guellec, qui viennent d’être nommés Justes parmi les Nations. Cette cérémonie sera l’occasion d’honorer un autre Douarneniste, Yves Criou.

Ce qui a conduit Alfred et Augustine Le Guellec à recevoir cette distinction a été relaté dans nos colonnes le 25 juin dernier. Voici l’histoire d’Yves Criou, né à Douarnenez en 1909 .

Il a épousé une juive d’origine russe

Ce catholique pratiquant épouse, en 1936, une jeune juive d’origine russe, Lisette Kahan, dite « Lisa », qui, malgré les objections de sa famille juive observante, s’est convertie au catholicisme. Leur fille Françoise naît en 1939. Leur fils Robert naîtra quelques années plus tard. La soeur de Lisa, Marie, épouse quant à elle Julien Klejtman, de nationalité polonaise, fabricant de radios. Ils habitaient 85, rue Duhesme à Paris. En 1939, Yves Criou est mobilisé. Fait prisonnier par les Allemands, il parvient à s’échapper et rentre en France. Sans emploi, son beau-frère Julien Klejtman lui propose de travailler avec lui. Leur partenariat sera de courte durée. Julien sera arrêté le 22 juin 1942. Déporté sans retour vers Auschwitz. Il sera assassiné le 4 juillet 1943 à l’issue « d’expériences » au dispensaire du camp. Il avait 38 ans. Après l’arrestation de son mari, Marie et son fils Philippe, munis de faux papiers, parviennent à rejoindre le sud de la France où sont réfugiés Malka Kahan, la mère de Lisa et de Marie, et d’autres membres de leur famille. Après avoir cherché un abri sûr dans différents endroits, Marie décide de rentrer à Paris avec Philippe et Malka. Yves Criou et Lisa vont alors les cacher.

Avec la complicité de la concierge

À la mi-mars 1944, la police arrive dans l’immeuble d’Yves et de Lisa Criou, où se cachent aussi les membres juifs de la famille. La concierge de l’immeuble est interrogée à propos des juifs qui s’y cachent. Elle répond qu’il n’y en a pas. La police s’en va aussitôt et la concierge prévient Yves Criou. Celui-ci rassemble la famille et accompagne tout le monde à Bougival, dans la banlieue ouest de Paris, avant de louer un appartement où ils resteront jusqu’à la Libération. Afin de pouvoir répondre aux besoins de la famille, Yves Criou arrange, dans la cave, un atelier de réparation d’appareils radio. Quelques mois plus tard, les forces alliées débarquent en France et Paris est libérée.

Nommé Juste en 2011

Robert, qui porte désormais le nom de Reouven Kahan, s’est reconverti au judaïsme de sa mère, Lisette Kahan, et vit en Israël. Le 22 mars 2001, la commission pour la désignation des Justes a reconnu Yves Criou « Juste parmi les Nations » à la demande de Philippe Klejtman. Ses enfants, Françoise et Robert Criou (aujourd’hui Reouven Kagan) ont reçu la médaille des Justes honorant leur père le 30 octobre 2011, lors d’une cérémonie en français et en hébreu au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem.