Noël Gozzi, un Juste parmi les nations

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Dossier n°

12067

Noël Gozzi, un Juste parmi les nations


Ne pleure pas ma fille, il faut sourire, disait mon père sur le camion qui l’emmenait vers Montauban en ce jour de mai 1944… Ne pleure pas ma fille, pourrais-tu me dire encore aujourd’hui. Mais ce sont des larmes de bonheur et de reconnaissance… Je pense que tu dois être très confus, toi qui étais la discrétion même…»

Renée Lassus et Simon Liwerant./Photos DDM, M.C.

 

Ces premiers mots, Renée Lassus les a adressés à son père Noël Gozzi. Elle venait de recevoir pour lui, à titre posthume la Médaille des Justes parmi les nations. C’était lundi, dans les jardins de la mairie de Figeac, lors d’une cérémonie chargée d’émotion, chargée d’Histoire.

En présence de nombreuses personnalités, dont Barnéa Hassid, consul d’Israël à Marseille, Nicole Paulo, le maire, ouvrait la cérémonie. «C’est un honneur pour la ville, qui depuis le 12 mai 1944 garde une plaie ouverte, de remettre cette médaille. À Figeac, il y a eu des traîtres… Mais aussi des hommes d’exception. Noël Gozzi en était un».

Arrivé en 1941 comme proviseur du collège et lycée Champollion, il a protégé 11 enfants juifs, les cachant dans l’internat, puis leur procurant de faux papiers d’identité. Hélas lors de la rafle du 12 mai 1944, seul deux de ces élèves purent se cacher et sauver leur vie. Les 9 autres, déportés, ne revinrent jamais. Également déporté, Noël Gozzi revint et mourut à Nérac (Lot-et-garonne), en 1964.

La ténacité de Simon Liwerant

C’est Simon Liwerant, l’un des deux rescapés, qui entreprit de présenter Noël Gozzi au comité français pour Yad Vashem, afin de lui obtenir la médaille de Juste parmi les nations, la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. (NDLR : Il était venu à Figeac et nous lui avions consacré un article le 24 mai 2009).

Pour monter le dossier, plus de trois ans de recherches lui furent nécessaires. «Cela devenait une obsession pour moi. Il avait été muté dans le Lot-et-Garonne et je ne retrouvais plus sa trace. J’aurais pu cent fois me décourager, mais j’ai insisté. L’étincelle est venue de la faculté d’Aix-en-Provence où sa fille avait étudié… Désormais, je peux dormir tranquille, j’ai retrouvé Gozzi».

L’émotion était palpable, comme résonnaient étrangement les derniers mots de Renée Lassus : «Souhaitons ne plus revoir la douleur dans les yeux d’un enfant. Tant que des hommes lutteront pour en sauver, sans distinction de race ni de couleurs… Merci papa».


Figeac. L’hommage à Noël Gozzi

Au cours des allocutions. Albert Seifer, délégué régional du comité français Yad Vashem : «C’est pour des hommes et femmes de courage et d’exception, comme Noël Gozzi, que le gouvernement d’Israël a créé l’ordre des Justes parmi les nations».

Madame Barnéa Hassid, consul de l’État d’Israël à Marseille : «Il fallait du courage, du dévouement et surtout un grand sens du devoir pour cacher ces onze enfants juifs dans le lycée. Comme d’autres, Noël Gozzi en a fait preuve, même si pour lui cela semblait tout simplement naturel».

Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées : «Vos témoignages émouvants sont ici symboliques, tant Figeac garde le souvenir du 12 mai 1944, à jamais gravé dans sa chair. Il y a 68 ans, c’était la rafle du Vel’d’Hiv. Il aura fallu longtemps pour que la France assume sa responsabilité, et celle de ses forces de l’ordre. Mais si 11 000 enfants juifs furent exterminés, n’oublions pas que 60 000 autres furent sauvés par des Français. C’est l’oubli qui nous guette aujourd’hui. Nous devons enseigner et rappeler cette période dans les écoles. La mémoire se cultive. Je forme aussi le vœu que la paix revienne au Proche Orient, et que les hommes se rapprochent.»

Mohamed Saadallah, sous préfet de Figeac : «Aux heures les plus sombres, certains surent se révolter, mais d’autres, sans s’engager dans l’armée des ombres, purent se battre, aider, protéger, soulager. Noël Gozzi a fait le choix du courage, de la solidarité et de la dignité, qu’il en soit honoré. Mais attention, le combat pour la tolérance reste encore un combat de tous les jours».

Michel Cavarroc

source:http://www.ladepeche.fr/article/2012/07/30/1409650-figeac-noel-gozzi-un-juste-parmi-les-nations.html du 30/07/2012