Le P. Antonius Delaire, Juste parmi les Nations

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Dossier n°

Le P. Antonius Delaire, Juste parmi les Nations

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Le 7 juin, « La Montagne » consacrait une page entière à l’annonce de la cérémonie d’hommage au P. Antonius Delaire.


Grâce d’abord à son supérieur, l’Institut Saint-Pierre de Courpière a servi de havre de paix pour de jeunes Juifs alors que régnait la Shoah.


Ce 11 juin, médaille et diplôme de Juste ont été remis (à titre posthume) au nom du P. Antonius Delaire par la déléguée du Comité Français pour Yad Vashem, Annie Karo. La cérémonie s’est déroulée dans les murs de l’Institut Saint-Pierre même, là où ces documents ont été déposés dans les mains de l’actuelle directrice, Mme Anne-Marie Rey, et là où ils resteront en dépôt.

 


Voici la synthèse du dossier établi par Yad Vashem en vue de reconnaître ce nouveau Juste parmi les Nations :

– « Kurt Niedermaier est né en 1923 en Allemagne.
Début 1939, alors que ses parents hésitent à fuir l’Allemagne nazie, il décide de partir pour la France : il a 15 ans.
Il entre clandestinement en France où il est pris en charge par les Eclaireurs Israelites de France (EIF) dans la maison de Moissac (Tarn et Garonne).

En 1942, la chasse aux juifs s’accélère, les risques de déportation augmentent et la direction des EIF décide de cacher Kurt à l’Institution St-Pierre de Courpière, sous le faux nom de Henri Kurtz, réfugié protestant de Mulhouse.
Il arrive à l’Institution St-Pierre en novembre 1942 où il est accueilli dans la plus grande discrétion par le père supérieur, le Père Delaire. Seul l’économe le Père Bastide partage ce secret.
Kurt Niedermaier reste jusqu’en juin 1944 à Courpière, où il passera brillamment les épreuves du baccalauréat. Il quittera ensuite l’établissement pour aller combattre avec la résistance.
Kurt Niedermaier est décédé en septembre 2006.

D’autres enfants sont cachés à l’Institution, et en particulier Maurice et Joseph Jonas
Quand la guerre éclate, leurs parents, Philippe et Myriam Jonas, juifs polonais qui sont arrivés en France en 1920 et ont été naturalisés français, habitent dans la région parisienne.
Philippe est dessinateur industriel et Myriam s’occupe des enfants, Maurice, Joseph et Paulette qui sont respectivement agés de 11 ans, 9 ans et 7 ans.
En 1940, la famille fuit l’avancée des allemands et se réfugie à Clermont-Ferrand.
La situation matérielle de la famille est difficile.
L’entrée des Allemands à Clermont en novembre 1942 alarme M. et Mme Jonas qui décident alors de cacher Maurice et Joseph dans une institution catholique.
Grâce à l’intervention de Monseigneur Piguet, ils sont placés, pour l’année scolaire 1942-1943 sous le nom de Jouas, de religion protestante, à l’Institution St-Pierre.
Là aussi le Père Delaire, qui connaît l’identité des adolescents, les accueille dans la plus grande discrétion, avec chaleur et dévouement, et veille à ce qu’aucune pression ne soit exercée sur eux.

Antonius Delaire avait été ordonné prêtre en 1922, après des études au Grand Séminaire de Chamalières et une licence de lettres classiques.
Il avait rejoint l’Institution St Pierre en octobre 1923 comme professeur de lettres classiques et avait été nommé Supérieur de l’Institution St Pierre en 1937.

C’est avec intelligence, bonté et sensibilité que le Père Delaire, homme d’Eglise patriote et résistant, a fait face aux douloureux événements de l’occupation. »

Ainsi la volonté des enfants Juifs si efficament cachés dans cet Institut, s’est-elle concrétisée : « rendre hommage à celui qui avait pris le risque de les cacher et aussi pour que les générations futures gardent mémoire de tous ceux qui ont eu le courage de sauver des enfants ».