Mairie du 11e : discours et remerciements aux Justes

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Dossier n°

Mairie du 11e : discours et remerciements aux Justes

Mairie du 11e : invitation à la cérémonie du 12 février.

 

Patrick Bloche, Député-Maire du 11e Arrondissement :
– « Ces gestes simples mais qui faisaient courir les plus grands dangers sont des actes exemplaires de résistance dont nous devons nous souvenir. Aussi ces médailles sont-elles l’impression d’une volonté : inscrire à l’encre indélébile les noms de celles et de ceux qui, par leurs actions, rachetèrent notre humanité toute entière. »

 

Florette Kirszner, enfant sauvée par le couple de Justes Batisse :
– « A leurs 5 filles, je voudrais dire que jamais je n’ai oublié leurs parents et qu’ils restent pour toujours dans mon cœur. »

Patrick Bloche, Député-Maire du 11e Arrondissement (DR) :

 

– « C’est un motif de très grande fierté et d’intense émotion que d’accueillir ce soir, en Mairie du 11ème art, cette cérémonie d remise de Médaille des Justes parmi les Nations.
Ce soir, c’est de nouveau, c’est l’histoire de notre pays que nous regardons en face.
Entre 1940 et 1944, 76000 juifs de nationalités française ou étrangère, dont 11000 enfants, furent déportés depuis la France. Le bilan de cette extermination programmée, de cet anéantissement voulu des juifs, de tous les juifs est effroyable : seuls 2000 juifs parmi les déportés de France survivront à l’enfer des camps.

 

A quelques pas d’ici, le gymnase Japy fut l’un des lieux où l’on rassembla des enfants, des femmes et des hommes, avant une déportation dont, pour la plupart, ils ne revinrent jamais. Deux plaques sont aujourd’hui apposées sur la façade de l’Edifice. Elles invitent les passants à se recueillir et à se souvenir d’une horreur, perpétuée avec la complicité de la police de Vichy, qui aboutit à déporter et à assassiner des personnes par le seul fait qu’elles étaient juives.
La cérémonie de ce soir est un hommage rendu à travers le temps, qui démontre justement qu’avec la volonté, le temps n’efface rien : aussi bien les atrocités que les actes de bravoure.

 

Et il convient de se rappeler, qu’en marge du zèle collaborationniste et de la froide léthargie des foules, il y eut des valeureux qui résistèrent. Et pour cela, les honorer est un devoir. Ces femmes et ces hommes, jeunes ou plus âgés, eurent le courage de s’opposer, alors même que l’esprit du moment les incitait à faire tout le contraire. Ils forment ces discrets bataillons de personnes qui, pour reprendre les mots de Joseph KESSEL « auraient pu se tenir bien tranquilles », mais qui firent un choix très différent : celui d’écouter leur conscience.

 

Ils firent alors des gestes qui relevaient, pour eux, de l’évidence : ils cachèrent, hébergèrent, recueillir ou encore nourrirent et vêtir ceux que la barbarie nazie, guidée par une haine aveugle, voulaient tous exterminer.

 

Ces gestes simples mais qui faisaient courir les plus grands dangers sont des actes exemplaires de résistance dont nous devons nous souvenir. Aussi ces médailles sont-elles l’impression d’une volonté : inscrire à l’encre indélébile les noms de celles et de ceux qui, par leurs actions, rachetèrent notre humanité toute entière.

 

Ce soir, nous honorons six de ces valeureux. Monsieur Daniel SAADA, Ministre Conseiller de l’Ambassade d’Israël en France, remettra ainsi, la Médaille des Justes parmi les Nations à Monsieur Pierre NICOLINI et, à titre posthume, aux ayants droit de Pierre et Alphonsine BATISSE, Julien et Laure HOUDUSSE et André PATROLIN.

La cérémonie de ce soir est une cérémonie dont il faut souligner et la beauté et la solennité. Elle est, en effet, l’expression de la reconnaissance que le peuple juif, dans son ensemble, veut témoigner à l’endroit de celles et de ceux qui, n’étant pas de leur confession, démontrèrent une solidarité à toute épreuve.
Le peuple juif reconnaît ici l’existence d’une dette morale imprescriptible, et en inscrivant les noms de ses défenseurs sur le mur d’honneur du Jardin des Justes à Yad Vashem, il exprime sa volonté que figure dans son histoire celles et ceux qui lui sont venus en aide. Dès lors, jamais ces noms ne devront en être effacés.

Le peuple juif exprime donc ici sa reconnaissance. Cette reconnaissance est aussi celle que nous tous, collectivement, devons exprimer envers des femmes et des hommes qui, par leurs actions, assumèrent la charge de notre salut. Ils étaient animés par une vision de l’humanité que nous avons la responsabilité de faire perdurer, et notamment face aux travers de notre époque actuelle. Pour ces femmes et ces hommes, ce que l’on nomme « l’autre » devait avant tout être considéré comme une richesse qu’il faut étreindre et non comme une menace dont il faut se méfier, pire combattre. Ce que firent ces Justes, c’est se battre, sans arme, pour une idée toute simple et pourtant si forte : toute personne est mon semblable et il ne peut exister la moindre hiérarchie entre les hommes du fait de leurs origines ou de leurs croyances.

 

Au cœur d’une époque où beaucoup doutèrent des valeurs qu’ils avaient reçues en héritage, l’évidence des gestes que firent les Justes nous touche. Pour eux, il n’y eut pas de calcul, de longues hésitations pour savoir ce qu’il convenait de faire. Ils connaissaient cette évidence du respect des droits et de la dignité de chacun. C’est notre responsabilité collective de faire que, plus jamais, cette évidence ne s’efface. »

Florette Kirszner, enfant cachée, salue la mémoire de Pierre et d’Alphonsine (photo DR) Batisse :

 

– « Nous sommes ici, tous réunis, pour honorer la mémoire de Monsieur et de Madame BATISSE, qui en 1942 sauvèrent la vie, de la petite fille que j’étais et à ce titre, méritent de recevoir la Médaille et le Diplôme de « JUSTES PARMI LES NATIONS »
JUSTES, ils le furent dans tous les sens du terme, n’hésitant pas à me cacher, après la déportation de ma mère, ceci au péril de leurs propres vies et celles de leurs familles.
Quand j’ai commencé les démarches, pour en arriver à ce soir, ce fut long, très long. J’ai été découragée bien des fois. Mais nous y sommes arrivés.

Je voudrai remercier Yad Vashem pour le travail considérable qu’ils ont accompli afin que M. et Mme BATISSE soient reconnus « JUSTES PARMI LES NATIONS ».

A leurs 5 filles, je voudrais dire que jamais je n’ai oublié leurs parents et qu’ils restent pour toujours dans mon cœur. »

Pierre Batisse (photo DR).