Marcel et Claire Josuan, Justes parmi les Nations

Accueil/Articles et documents/Marcel et Claire Josuan, Justes parmi les Nations

Dossier n°

Marcel et Claire Josuan, Justes parmi les Nations

None

Villa Bagatelle, Mairie des 6e et 8e Arrdondissements de Marseille (DR).

Les Josuan : une étape Marseillaise
dans le sauvetage
de la famille Krihiff.



Ce 19 octobre 2009, la Mairie des 6e et 8e Arrondissements de Marseille a connu une cérémonie exceptionnelle : la reconnaissance à titre posthume d’un couple de Justes, Marcel et Claire Josuan. Leurs médaille et dîplôme ont été remis à leur fille, Colette Francès-Josuan par Simona Frankel, Consul Général d’Israël et par Robert Mizrahi, Président du Comité Français pour Yad Vashem pour le Sud de la France.

Témoignage de Jean Kriff :

– « Edouard Krihiff dit Kriff est né à Alger le 3 août 1905. En 1917, il est déclaré par l’Etat « pupille de la Nation », son père, Salomon, étant décédé des suites de la guerre 1914-1918 (siège de Salonique).
A 22 ans, il est directeur de la comptabilité des usines Citroën en Afrique du Nord. 
Il vient à Paris pour y faire une carrière d’artiste lyrique.
En 1938, il entre dans la troupe de l’Opéra en tant que premier plan et y interprète tous les grands rôles de ténor.
En 1939, il se marie et devient père d’un enfant.

Au moment de l’exode, début juillet 1940, il quitte la capitale avec sa famille à laquelle s’est jointe sa mère Fortunée, née Tubiana (pour rappel, veuve de guerre). Dès après l’Armistice, il tente de revenir en zone nord (la France étant coupée en deux) mais est refoulé par les Allemands en tant que juif à Chalon (s/Saône) le 2 août 1940.
Il s’installe donc à Marseille pour être tout de suite engagé à l’Opéra. Il y chantera une trentaine de fois mais on l’entendra aussi très souvent sur l’antenne de la Radio Nationale installée dans la capitale phocéenne.

Au soir du 21 janvier 1943, il interprète le rôle de Mario :
– « …Et je n’aimais jamais autant la vie ! »
rentre chez lui, 33 rue du Musée. Une heure plus tard, la police française se présente et l’arrête ainsi que sa mère sur dénonciation de certains de ses « camarades » du théâtre, du moins s’il faut en croire les dires de l’officier allemand qui l’interroge à la prison des Baumettes.

Edouard Krihiff a été séparé de sa mère. Fortunée Krihiff sera enfermée à Compiègne puis à Drancy avant d’être portée disparue à Majdanek le 27 mars 1943.
Lui prit la décision de s’évader. Il parviendra à sauter du train (1) pendant la nuit du 24 au 25 janvier, sera reccueilli par un prêtre puis un médecin et amené dans une famille de Firminy, les Durif pour y être soigné.
Muni d’une fausse carte d’identité, il regagnera Marseille, sera caché pendant deux mois par la famille Josuan au Lycée musical du 10 boulevard Salvator puis la famille Mansio à Bouc-Bel-Air avant de pouvoir être évacué dans l’Ardèche où, avec sa femme et son fils, il attendra grâce à des maquisards ardéchois la libération de Paris. »

None

Invitation à la cérémonie du 19 octobre organisée par Robert Mizrahi, Président du Comité Français pour Yad Vashem pour le Sud de la France.

NOTE :

(1) Du 22 au 27 janvier 1943, se déroule à Marseille l’opération « Sultan ». En application d’un ordre donné par Himmler et visant à la destruction du Vieux Port. Au moins 782 juifs seront arrêtés dans ce contexte. Le 24, un convoi partit de la gare d’Arenc pour Compiègne avec la très grande majorité de ceux-ci.